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jeudi 19 juillet 2007

Le « narcissisme » des dirigeants : atout ou risque pour les aménagements de l’entreprise ?

Une curieuse étude. Pour faire face aux puissants de ce monde...


Nom de l'auteur Rofriguez Tiphaine
Date de rédaction : 14/06/2007

Le « narcissisme » des dirigeants : atout ou risque pour les aménagements de l’entreprise ?
Les rencontres de l’IIM - Conservatoire national des arts et métiers, Bénédicte Haubold
Bénédicte Haubold est l’auteur de livre « Vertiges du Miroir – Le narcissisme des dirigeants », paru aux éditions Lignes de repères. Pour cet ouvrage, elle a rencontré une quarantaines de dirigeants ainsi que leurs collaborateurs et leurs assistantes. Elle nous présent ici son livre et ses idées fortes et ce confronte à la vision de quatre dirigeants.

Le « narcissisme » des dirigeants : atout ou risque pour les aménagements de l’entreprise ?

Les rencontres de l’IIM - Conservatoire national des arts et métiers

Lundi 11 juin 2007

Compte –rendu de Tiphaine Rofriguez, chargée de Mission RVN

Conférencier, modérateur : Bénédicte Haubold

Bénédicte Haubold est l’auteur de livre « Vertiges du Miroir – Le narcissisme des dirigeants », paru aux éditions Lignes de repères. Pour cet ouvrage, elle a rencontré une quarantaines de dirigeants ainsi que leurs collaborateurs et leurs assistantes. Elle nous présent ici son livre et ses idées fortes et ce confronte à la vision de quatre dirigeants.

Les dirigeants venus témoignés lors de cette conférence étaient :

Ø Mihai Crasneanu est le fondateur de Glowria, société de location de DVD par Internet (vidéo à la demande). En 2005, il reçu le prix du Jeune Dirigeant.

Ø Charles Bouaziz, directeur général de Pepsico Europe en France, Allemagne, Autriche, Italie et Suisse.

Ø Stéphane Thirolix est le vice Président Exécutif des Laboratoires Ipsen, groupe pharmaceutique européen fabricant plus de 20 médicaments dans 3 secteurs. Plus de 21% du CA de la société est destiné à la R&D chaque année.

Ø Emeric Sauty de Chalon, président de 1855, société fondée en 1995 vendant des vins et spiritueux introuvables sur Internet.

Qu’est ce que le narcissisme ?

C’est une des conditions de réussite des dirigeants. Nous sommes aujourd’hui dans une société de réussite où l’image compte plus que la réalité. C’est un miroir à double face, d’un côté il y a le narcissisme positif, il est absolument nécessaire et de l’autre le narcissisme négatif, terriblement dangereux. Le narcissisme positif correspond à l’estime de soi. Il contribue à la construction de notre identité. Il façonne l’image que nous avons de nous même et que nous montrons aux autres. Le narcissisme négatif est une perte de contrat avec la réalité. C’est une admiration exagérée de soi.

1. Le narcissisme positif

« Ce qui attire le plus les dirigeants, c’est d’avoir la possibilité de créer un édifice à leur image, de laisser leur empreinte, d’avoir l’impression qu’ils peuvent le faire. Le marché, en quête de différenciation et d’innovation, demande de plus en plus des personnalités capables de soutenir de tels processus.

Il a été demandé aux quatre dirigeants de remplacer le terme narcissisme positif selon leur propre vision.

D’après M. Crasneanu, le narcissisme positif est de l’optimisme car on y croit quand même, même si l’on ne sait pas comment résoudre les problèmes. On trouvera des solutions avec le temps. Le narcissisme permet d’y croire et d’arriver jusqu’au bout de nos projets.

Selon M. Bouaziz, le narcissisme positif correspond à la confiance en soi. On se nourrit et on nourrit les autres. On transmet les savoirs. On doit donner une force de persuasion, on doit faire nos preuves. On modèle une entreprise en fonction de ses valeurs, de ses convictions.

Pour M. Thiroloix c’est se voir à travers le regard des autres. Quand on perd son utilité sociale, on est potentiellement en risque. Il faut trouver de temps en temps, la ressource pour avancer à contre sens, pour aboutir à nos projets. C’est un respect de soi, c’est la capacité de se regarder et se dire que ce qu’on exige de soi doit être du même niveau que ce que j’exige des autres. C’est la capacité à se projeter en avant.

M. Sauty de Chalon, quant-à lui, considère que c’est avoir une forte confiance en soi. Cela permet par la suite d’avoir une bonne organisation dans l’entreprise. C’est une grande responsabilité car il faut prendre des décisions. Développer une entreprise, c’est prendre de grands risques, c’est aller à l’encontre de tout. Ce n’est pas grave de ne pas y arriver, le plus important est de toujours retenter jusqu’à y arriver.

2. Le regard des proches collaborateurs

« Je me suis rendu compte une fois, dans une conversation avec les responsables du site, qu’ils employaient les mêmes mots que moi, des expressions identiques, la même manière d’argumenter les axes stratégiques. J’avais l’impression d’avoir en face de moi des « mini moi ». Et je sais pourtant qu’ils ont par ailleurs leur indépendance d’esprit ».

Chez Pepsico, de nombreux outils sont utilisés pour bâtir une entreprise forte avec une culture forte comme par exemple les enquêtes sociales d’organisation. Le comportement du dirigeant a un impact fort sur celui des salariés, il doit donc avoir une valeur d’exemple. Mais cela n’empêche pas que tout le monde doit s’exprimer, doit avoir son point de vue. Cependant cela peut devenir confus, c’est pourquoi il faut à un moment donné trancher et prendre une décision.

Pour M. Thiroloix, il y a des éléments d’équilibre qui se font grâce à la vision et les points de vue des autres. Il y a trois regards différents. Tout d’abord, il y a un élément de séduction. L’ensemble des échanges est teinté de séduction car elle permet de fluidifier et de simplifier les relations avec les autres. Un autre élément est celui du risque de méprise. Il y a toujours une place centrale dans un groupe, dans une entreprise. Quand elle est vide, cela se sent fortement. Il y a donc une responsabilisation de cette personne à se rendre compte qu’elle est vraiment importante. Le risque, ici est de croire que l’on est soi même cette place alors que l’on est seulement son occupant. Il y a une différence entre la personne et le poste et tout le monde ne s’en rend pas forcément compte. Le troisième élément est le fait qu’il y a un effet de miroir à double sens. Le regard des autres évolue car le notre évolue. Si l’on regarde les autres d’en haut, ils nous regarderont d’en bas.

D’après M. Sauty de Chalon, le meilleur antidote est d’être entouré car cela permet d’avoir un type de regard particulier. Dans sa société, il a recruté des personnes ayant 20-25 ans d’expérience, ce qui lui a permis d’avoir un regard plus professionnel, plus critique et parfois plus juste. Ainsi, le regard est a double sens.

3. Une société en quête de dirigeants narcissiques ?

« Aujourd’hui la communication médiatique occupe une place beaucoup plus importante que par le passé. Progressivement les médias ont eu besoin de personnaliser l’information. Et l’émotion joue alors un rôle fondamental ».

Pour M. Crasneanu, il n’est pas possible de trouver des fonds sans s’exposer. La société a besoin de mettre une image sur chaque entreprise. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase où chaque individu commence à être une image en tant que tel, on écoute leurs pensées, on suit leur parcours,…

Selon M. Thiroloix, la société veut tout peopleliser. Quand il y a création d’entreprise, nous devons donner une bonne image, montrer que nous sommes bons, doués,… mais il faut par la suite garder cette image, il faut arriver à s’y tenir sinon nous ne sommes plus crédibles.

4. Les risques liés à une estime de soi trop importante ?

« Etendu sur l’herbe épaisse, il contemple sans en rassasier ses regards, la mensongère image, et par ses propres yeux se fait lui-même l’artisan de sa perte ? »

Ovide, Les Métamorphoses

D’après M. Bouaziz, la société est manipulée par les entreprises et les dirigeants. Ils utilisent les médias dès qu’ils en ont besoin. Les individus sont, eux, uniquement des spectateurs.

Les risques sont différents selon les typologies. La séparation des tâches et des devoirs permet de limiter les risques car les dirigeants certifient les comptes et assurent que tout se suit derrière. Le risque, par contre, existe pour le dirigeant lui-même.

5. Comment les collaborateurs doivent-ils gérer le narcissisme de leurs dirigeants ?

« Ceux qui vont au-delà des apparences le font à leurs risques et périls. »

Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray

Selon M. Thiroloix, les risques dépendent de la taille de l’entreprise. Ils sont totalement différents dans une PME et dans un grand groupe européen ou mondial.

Chez les jeunes diplômés de grandes écoles françaises, la tendance est inversée, ce sont eux les narcissiques. En effet, ils prétendent avoir de très bonnes idées à proposer aux entreprises mais ne souhaitent les dévoiler seulement après avoir été payé.

6. Peut-on accéder aux plus hautes fonctions sans une dose de narcissisme ?

« De toute évidence, je ne connais pas de dirigeants « normaux, c’est-à-dire de monsieur « tout le monde ». Je pense qu’ils ont tous quelque chose de spécifique, de très particulier, et surtout de hors du commun. Cela peut aller de traits de personnalités extrêmement forts, tels qu’une haute créativité, une forte empathie, ou bien même une vision qui ne sera pas nécessairement stratégique du reste ».
Un chasseur de tête du second cabinet mondial

Tiphaine Rofriguez

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